Lorsque disparaît un Personnage...
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Lorsque disparaît un Personnage...
... La mort de Claude Rich le comédien ayant joué dans une cinquantaine de pièces de théâtre et dans 80 films, à l'âge de 88 ans, survenue le jeudi 20 juillet 2017 ; m'inspire la réflexion suivante :
Lorsque, tel un coup d'orage ou de bourrasque auquel on ne s'attend pas parce que le ciel tout chargé de nuées qu'il est nous voit encore le sarcloir à la main dans notre jardin, ou que retentit la sonnerie du téléphone au moment du déjeuner... Le poste de radio ou la télévision en marche, ou la première page du journal nous annonce la disparition de quelque grand personnage, artiste, écrivain bien connu... Au moment même où tombe l'information, nous sommes en général toujours surpris dans le feu d'une activité quotidienne, par exemple en essuyant une casserole, ou le pantalon au bas des chevilles assis sur la cuvette des WC, en pleine discussion familiale sur tel ou tel sujet, en train de rédiger un message sur un forum d'internet ou sur Facebook, Twitter ; ou dans notre jardin à tailler un rosier, ou encore en débouchant un lavabo...
Ainsi sommes nous saisis, l'outil, la serviette, le crayon à la main, ou devant ce qu'affiche l'écran de notre ordinateur et qui retient notre attention... C'est toujours ou presque, comme cela que ça se passe, chaque fois que claque tel un coup d'orage ou de vent, l'annonce de la mort d'un Personnage... Et c'est à peine si, saisis que nous le sommes, nous réalisons, nous recevons la nouvelle, telle une mouche inopportune venue se poser sur le bord de notre assiette...
Faut-il alors, dans le feu de notre action, tout laisser choir, demeurer interdit, debout et le regard arrêté et l'oreille déconnectée en face de tout ce qui nous entoure ... ou bien poursuivre jusqu'au bout ce que nous faisions, ou du moins s'apprêter à interrompre notre action ou à y surseoir?
En somme, la mort serait "un événement indécent" (ce n'est point qu'elle "serait", en fait -et de fait- elle l'EST, un événement "indécent"... Parce qu'elle nous dérange en ce sens que le temps du dérangement précède le temps du regret, du chagrin, du ressenti, de l'émotion, du commentaire, de tout ce qui nous vient -ou nous va venir- à l'esprit, au sujet de ce Personnage dont on vient d'apprendre la disparition...
Lorsque, tel un coup d'orage ou de bourrasque auquel on ne s'attend pas parce que le ciel tout chargé de nuées qu'il est nous voit encore le sarcloir à la main dans notre jardin, ou que retentit la sonnerie du téléphone au moment du déjeuner... Le poste de radio ou la télévision en marche, ou la première page du journal nous annonce la disparition de quelque grand personnage, artiste, écrivain bien connu... Au moment même où tombe l'information, nous sommes en général toujours surpris dans le feu d'une activité quotidienne, par exemple en essuyant une casserole, ou le pantalon au bas des chevilles assis sur la cuvette des WC, en pleine discussion familiale sur tel ou tel sujet, en train de rédiger un message sur un forum d'internet ou sur Facebook, Twitter ; ou dans notre jardin à tailler un rosier, ou encore en débouchant un lavabo...
Ainsi sommes nous saisis, l'outil, la serviette, le crayon à la main, ou devant ce qu'affiche l'écran de notre ordinateur et qui retient notre attention... C'est toujours ou presque, comme cela que ça se passe, chaque fois que claque tel un coup d'orage ou de vent, l'annonce de la mort d'un Personnage... Et c'est à peine si, saisis que nous le sommes, nous réalisons, nous recevons la nouvelle, telle une mouche inopportune venue se poser sur le bord de notre assiette...
Faut-il alors, dans le feu de notre action, tout laisser choir, demeurer interdit, debout et le regard arrêté et l'oreille déconnectée en face de tout ce qui nous entoure ... ou bien poursuivre jusqu'au bout ce que nous faisions, ou du moins s'apprêter à interrompre notre action ou à y surseoir?
En somme, la mort serait "un événement indécent" (ce n'est point qu'elle "serait", en fait -et de fait- elle l'EST, un événement "indécent"... Parce qu'elle nous dérange en ce sens que le temps du dérangement précède le temps du regret, du chagrin, du ressenti, de l'émotion, du commentaire, de tout ce qui nous vient -ou nous va venir- à l'esprit, au sujet de ce Personnage dont on vient d'apprendre la disparition...
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" Nous ne pouvons savoir! Nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères" [Arthur Rimbaud ]
Re: Lorsque disparaît un Personnage...
... Au moment de l'annonce de la mort de Coluche le 19 juin 1986, je me trouvais dans mon jardin et tenais en main une binette, ôtant des mauvaises herbes et mon poste de radio à côté de moi, en marche : il devait être dans les 7h du soir, peut-être un peu plus tôt, et l'information me tomba dessus tel un coup de massue... Ma toute première réaction fut de croire que c'était là un "canular" (Coluche faisant croire qu'il était mort, suivi d'une de ses si humoristiques saillies à mourir de rire)...
Mais très vite, je me rendis compte que c'était hélas, dramatiquement et désespérément vrai, d'autant plus que des détails sur son accident en moto étaient donnés... La binette m'est tombée des mains et tous les autres outils de jardinage que j'avais autour de moi sont restés éparpillés à terre, rien n'a été rangé durant trois jours... Et je me suis assis par terre, effondré de stupeur et de chagrin, comme un gosse dont la maman a dit qu'elle revenait mais n'est jamais revenue... D'un seul coup, le monde dans lequel je vivais et qui était cependant ce qu'il était, ne m'a plus du tout semblé être le même... et d'ailleurs effectivement, le monde n'a plus jamais été comme avant, pour moi, sans Coluche que j'écoutais alors souvent le matin sur Europe 1 lors de mes jours de congé, et que je voyais aussi, souvent, à la Télé (qui n'était pas encore la Tu-es-laid)...
Aujourd'hui, tout de même, tant d'années après la disparition de Coluche, je me dis (mais ce n'est pas tout à fait la même chose) "il y a Michel Houellebecq"...
Mais très vite, je me rendis compte que c'était hélas, dramatiquement et désespérément vrai, d'autant plus que des détails sur son accident en moto étaient donnés... La binette m'est tombée des mains et tous les autres outils de jardinage que j'avais autour de moi sont restés éparpillés à terre, rien n'a été rangé durant trois jours... Et je me suis assis par terre, effondré de stupeur et de chagrin, comme un gosse dont la maman a dit qu'elle revenait mais n'est jamais revenue... D'un seul coup, le monde dans lequel je vivais et qui était cependant ce qu'il était, ne m'a plus du tout semblé être le même... et d'ailleurs effectivement, le monde n'a plus jamais été comme avant, pour moi, sans Coluche que j'écoutais alors souvent le matin sur Europe 1 lors de mes jours de congé, et que je voyais aussi, souvent, à la Télé (qui n'était pas encore la Tu-es-laid)...
Aujourd'hui, tout de même, tant d'années après la disparition de Coluche, je me dis (mais ce n'est pas tout à fait la même chose) "il y a Michel Houellebecq"...
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