La pensée commune en matière de culture...

... La culture qui fait réfléchir, qui permet de prendre du recul, d'avoir des ancrages et suscite en la développant, une critique lucide et nuancée... Cette culture là, dis-je, n'est en aucune façon celle par exemple, de la corrida, des fêtes et des festivals et des spectacles de musique qui foisonnent durant la saison estivale en France, toutes manifestations qui dans l'ensemble, en dépit de ce qu'elles peuvent apporter à un public diversifié, parfois "averti" et dans une certaine mesure "cultivé" (ou sensibilisé), n'en demeure pas moins (cette culture)  assujettie, conditionnée, formatée dans une société de consommation loisirs culture ressemblant davantage à un marché ; et "mise à la mode" et dont la finalité n'est autre que celle, principalement, des "retombées économiques" attendues par les pouvoirs publics, les lobbies du loisir et du spectacle...
Et même les "petits festivals" et les manifestations culturelles locales en matière de spectacles, se "coulent dans le moule" (plus ou moins) dans la perspective de ces "retombées économiques" où le tourisme joue un rôle déterminant en des lieux de vacances privilégiés par des dizaines de milliers de gens, de la région, de France, et de pays étrangers ; faisant travailler "plein pot" les restaurateurs, les hôteliers, les boutiquiers, les cafés... sans compter les taxes perçues pour le stationnement des véhicules, les locations de salles...
Pour tout cela, dans cette "finalité" il faut forcément une culture à la portée du plus grand nombre, une culture qui puisse se fondre dans la diversité des sensibilités, répondre à des attentes particulières, lesquelles attentes sont supposées réelles et être "dans l'esprit du temps" ...
... Je ne pense pas que ce soit "cela", la culture ! (c'est à dire un monde qui tourne comme un manège dont les chevaux de bois ont été remplacés par des nacelles volantes, un monde qui jette des clowns et des comédiens et des musiciens dans la rue, davantage pour "faire tourner le monde" en amusant et en émotionnant les gens, que pour contribuer à ce que le monde change ...

... Je viens de voir dans ma boîte mail ce courriel d'info de Sud Ouest au sujet des fêtes de Bayonne qui vont se dérouler prochainement (premiers jours d'Août)...
Je ME FOUS COMME DE L'AN QUARANTE DE CES FETES ! Aussi ai-je immédiatement mis ce courriel à la poubelle sans le lire (et vidé la poubelle)...
Et je me fous tout autant, des fêtes de Dax qui auront lieu à la mi août, de celles de Mont de Marsan qui ont eu lieu du 19 au 23 juillet et où je n'ai pas mis les pieds... Ce qui me scie, me pompe, m'hallucine, dans ces manifestations festives des villes du Sud Ouest, ce sont ces beuveries générales avec "casque de la soif" sur le crâne -un tuyau reliant une réserve de punch de chaque côté du casque au niveau des oreilles à la bouche afin de pomper jusqu'à renouvellement de la réserve, ou bien ces "rues de la Soif" avec de chaque côté un comptoir en planches aménagé en bar long de cent mètres, et plein de gens au milieu qui en foule et en rangs serrés s'évertuent à se dandiner un verre d'eau contenant une bougie allumée sur la tête et c'est à qui boira le plus possible sans renverser le verre ni laisser s'éteindre la bougie... ou encore assis par terre se tenant les uns contre les autres se balançant d'avant en arrière et chantant à tue tête la "marseillaise landaise" ( le célèbre chant corridacofestif repris cinquante mille fois partout dans les Landes dans toutes les fêtes et les célébrations sportives )... M'hallucinent également et me font horreur ces corridas de toros, que même des villes telles que Rion des Landes et Saint Vincent de Tyrosse ont mis au programme...
Quand aux autres fêtes et "festiveaux" ce n'est guère mieux : je pense en particulier à un festival de musique (MUSICALARUE) qui a lieu tous les ans les 14/15/16 août à Luxey en Haute Lande : les organisateurs dressent autour de la ville une barricade en planches et piquets avec un ou deux points d'accés avec guichet/caisse. C'est gratuit de l'ouverture du matin 10h jusqu'à 18h, mais à 18h tapantes, ils te font dégager vite fait, et tout le monde doit faire la queue au point d'accès pour payer un billet d'entrée de 19h à 1h du matin, de 20, 22 euro par soirée (tous les ans ça augmente de 2 euro)... Et après 1h du matin, ils laissent de nouveau passer tout le monde sans payer, sans aucun contrôle, de telle sorte que des hordes d'allumés, de drogués, de marginaux, venus de tout le Sud Ouest, et surtout de Bordeaux, envahissent les lieux, perturbent les spectacles, fumant des "pétards" gros comme des barreaux de chaise et se morfalant se saoûlant à mort...
Musicalarue j'y suis allé une fois, avec ma femme et ma cousine, ça m'a suffi j'y retournerai jamais...
C'est que des gobelets en plastique par terre à perte de vue, des papiers sales, des bouteilles vides... De la bouffe de saucisse frite et autres préparations genre fougasses, sandwich américain etc . Les scènes de spectacles t'es debout une heure tu vois rien tellement y'a du monde devant toi... Bon c'est vrai, la fois où j'y suis allé, y'avait Jeanne Cherhal sous petit chapiteau et j'ai eu la chance de pouvoir l'écouter Jeanne Cherhal, dans de bonnes conditions... Y'avait bien de la restauration qui ressemblait à de la restauration à des terrasses de cafés, ou aménagé sous abri, avec bien des spécialités du pays, mais à des prix "la peau des fesses" !
Je n'avais pas du tout apprécié le "principe" de la gratuité/accès libre sans aucun contrôle à partir d'1h du matin, alors qu'avant à partir de 19h ils demandaient tout de même plus de 20 euro par tête de pipe! Vous auriez vu la barricade autour de la ville... et ce camping improvisé par la municipalité en plein champ, avec des chiottes Algéco, toutes ces tentes serrées les unes contre les autres, ça tenait du camp d'hébergement après un cyclone ou un tremblement de terre dévastateur... et ce boucan, tout le monde y allait de sa musique, ces gens à poil ou en tenues de clown déjanté, ces bagnoles pare choc contre pare choc... Hallucinant !

... Cependant, la culture n'est pas nécessairement une culture qui "élève"... Et elle n'est pas, non plus, la culture, définissable en fonction de valeurs ou de jugements personnels, dans un sens ou dans un autre comme le serait une morale...
Il me paraît certain que, si la culture n'était plus définissable en fonction de valeurs ou de jugements personnels... Alors "un monde qui tourne comme un manège dont les chevaux de bois sont remplacés par des nacelles volantes" ; ou "un monde qui jette des clowns, des comédiens et des musiciens dans la rue en amusant et en émotionnant les gens"... Si ce monde là n'était plus assujetti à la loi du marché ni à la pensée commune... (et l'on pourrait en dire autant de la culture qui "élève")... Alors l'on pourrait vraiment parler de culture dans le sens de ce que la culture, toute culture, apporte aux gens sans pour autant la définir, ni la juger, cette culture...
Autrement dit c'est la loi du marché et de la pensée commune qui pervertit, qui dénature la culture... En fait, toutes les cultures...