Le rocher de Sisiphe
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Le rocher de Sisiphe
“Les dieux avaient condamné Sisiphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir”...
[ Albert Camus ]
... Je pense à ce rocher de Sisiphe, sans doute quelque énorme bloc de pierre plus ou moins sphérique, qui sans cesse poussé tout au long d'une pente abrupte n'en finit pas, chaque mètre gagné, de glisser en arrière, retenu par les bras tendus de ce Sisiphe qu'au fond nous sommes tous, chacun de nous, d'une manière ou d'une autre en fonction de nos aspirations et des moyens que nous nous donnons...
Et par une sorte de "miracle" -mais le "miracle" en fait n'en est point un, puisque c'est nous qui le faisons le miracle, par la volonté et l'énergie qui nous animent- après tant et tant de "reculades" du rocher, mètre après mètre, pas après pas, voilà-t-il pas que le rocher parvient à s'immobiliser au sommet de la montagne... (Enfin c'est ce qui parfois arrive, finit par arriver...)
Mais... Peine perdue, le rocher oscille, et, ayant de justesse évité l'écrasement en nous écartant, le rocher dégringole le long de la pente, jusqu'en bas... Et tout est à recommencer.
Je ne suis pas Sisiphe... Je ne sais pas si mon "travail" est inutile et sans espoir. Je sais seulement que je roule le rocher et que je ne considère pas comme une "punition" ni comme une "vocation", le fait de voir sans arrêt le rocher reculer de deux mètres chaque fois que je l'avance d'un mètre... Simplement, si d'aventure par cette sorte de "miracle", de "miracle qui n'en est point un", je parviens à hisser le rocher au sommet, ou en quelque lieu élevé que je crois être le sommet... Et que, d'un seul coup le rocher se met à dégringoler jusqu'en bas, alors je suis comme on dit "sonné"!... Et un moment sans force...
Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", non pas une "punition" qui nous serait imposée, non pas, non plus, une "vocation" à porter au devant de soi ce meilleur de nous-mêmes dans l'énergie et dans la volonté qui nous anime... Quelle est, soit dit en passant, la "finalité", quel est le "sens", de toute "vocation" ?... Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", ce qu'il y a, au fond, de "plus heureux" qu'il ait été donné à l'Homme, et, sans doute, à tous les êtres vivants...
Au sommet, si la vie s'immobilise, il n'y a au dessus, que le ciel, mais la vie s'arrête...
Tout au long de la pente abrupte, la vie a aussi le ciel au dessus d'elle, mais la vie ne s'arrête jamais puisqu'elle est mouvement dans l'un ou l'autre des deux sens de la pente ; atteignant parfois quelque sommet soit dit en passant "toujours hypothétique", et dégringolant d'un seul coup alors, entraînée brutalement dans sa chute mais ce n'est point la fin pour autant...
[ Albert Camus ]
... Je pense à ce rocher de Sisiphe, sans doute quelque énorme bloc de pierre plus ou moins sphérique, qui sans cesse poussé tout au long d'une pente abrupte n'en finit pas, chaque mètre gagné, de glisser en arrière, retenu par les bras tendus de ce Sisiphe qu'au fond nous sommes tous, chacun de nous, d'une manière ou d'une autre en fonction de nos aspirations et des moyens que nous nous donnons...
Et par une sorte de "miracle" -mais le "miracle" en fait n'en est point un, puisque c'est nous qui le faisons le miracle, par la volonté et l'énergie qui nous animent- après tant et tant de "reculades" du rocher, mètre après mètre, pas après pas, voilà-t-il pas que le rocher parvient à s'immobiliser au sommet de la montagne... (Enfin c'est ce qui parfois arrive, finit par arriver...)
Mais... Peine perdue, le rocher oscille, et, ayant de justesse évité l'écrasement en nous écartant, le rocher dégringole le long de la pente, jusqu'en bas... Et tout est à recommencer.
Je ne suis pas Sisiphe... Je ne sais pas si mon "travail" est inutile et sans espoir. Je sais seulement que je roule le rocher et que je ne considère pas comme une "punition" ni comme une "vocation", le fait de voir sans arrêt le rocher reculer de deux mètres chaque fois que je l'avance d'un mètre... Simplement, si d'aventure par cette sorte de "miracle", de "miracle qui n'en est point un", je parviens à hisser le rocher au sommet, ou en quelque lieu élevé que je crois être le sommet... Et que, d'un seul coup le rocher se met à dégringoler jusqu'en bas, alors je suis comme on dit "sonné"!... Et un moment sans force...
Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", non pas une "punition" qui nous serait imposée, non pas, non plus, une "vocation" à porter au devant de soi ce meilleur de nous-mêmes dans l'énergie et dans la volonté qui nous anime... Quelle est, soit dit en passant, la "finalité", quel est le "sens", de toute "vocation" ?... Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", ce qu'il y a, au fond, de "plus heureux" qu'il ait été donné à l'Homme, et, sans doute, à tous les êtres vivants...
Au sommet, si la vie s'immobilise, il n'y a au dessus, que le ciel, mais la vie s'arrête...
Tout au long de la pente abrupte, la vie a aussi le ciel au dessus d'elle, mais la vie ne s'arrête jamais puisqu'elle est mouvement dans l'un ou l'autre des deux sens de la pente ; atteignant parfois quelque sommet soit dit en passant "toujours hypothétique", et dégringolant d'un seul coup alors, entraînée brutalement dans sa chute mais ce n'est point la fin pour autant...
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" Nous ne pouvons savoir! Nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères" [Arthur Rimbaud ]
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