Marcel Proust contre Sainte Beuve
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Marcel Proust contre Sainte Beuve
Ayant découvert Marcel Proust, seulement dans les premières années du 21 ème siècle, en lisant "Contre Sainte Beuve", je cite ces lignes, page 70 dans le chapitre « journées » :
« J’aperçois un de ces êtres qui nous dit par son visage particulier la possibilité d’un bonheur nouveau. La beauté, en étant particulière, multiplie les possibilités de bonheur. Chaque être est comme un idéal encore inconnu qui s’ouvre à nous. Et de voir passer un visage désirable que nous ne connaissions pas nous ouvre de nouvelles vies que nous désirons vivre. Ils disparaissent au coin de la rue, mais nous espérons les revoir, nous restons avec l’idée qu’il y a bien plus de vies que nous ne pensions à vivre, et cela donne plus de valeur à notre personne. Un nouveau visage qui a passé, c’est comme le charme d’un nouveau pays qui s’est révélé à nous par un livre. »
... Sublime, n'est-ce pas ?
Et j'ai poursuivi dans ma découverte de cet auteur, par "À la recherche du temps perdu"...
Une lecture "au long cours"... Comme sur un paquebot transatlantique du temps de Georges Simenon entre Le Havre et le canal de Panama...
Pas d'intrigues compliquées mais un "kaléidoscope" de petites scènes de vie quotidienne avec chacune son atmosphère... Et comme sur l'océan, à l'infini, de petites crêtes blanches qui se meuvent et se balancent en une cadence toute tranquille ; et tous ces sentiments, tous ces changements de point de vue exprimés...
Certes, tout cela se passe "dans le beau monde" mais les sentiments, les émotions, les pensées de "ces gens là", après tout... Sont-ils si différents que cela des sentiments, des émotions et des pensées, des gens que l'on dit être "du pauvre monde" ?
N'y-a-t-il pas en chacun de nous, autant de vanité, autant de fureur ou même de gesticulation, à essayer de "s'exister" à tout prix ? Autant de souffrance aussi, autant de solitude au fond de soi ? Autant de "non dit" et autant de ces rêves qui partent dans le "grand inconnu" ou "dans les étoiles" quand on est mort ?
Vers la fin de son existence, Marcel Proust fut contraint à l'immobilité, du fait de sa santé déficiente...
Est-il "si nécessaire que cela", à un grand écrivain, de bouger beaucoup, de sans cesse parcourir le monde... et tous les mondes possibles ?
La culture, l'observation, l'intuition, l'imagination, la réflexion... Ce sont bien là comme des "bouées" non pas de "naufragé qui veut se sauver à tout prix et rejoindre quelque rivage", mais "d'enfant trop vite grandi au milieu des baïnes qui veut partir à l'assaut des vagues pour y danser, y voler dessus"...
Dans " À la recherche du temps perdu", le narrateur est souvent ravi par "le visage de l'inconnue"...
Ainsi, Albertine en vélo au bord de la mer ; la laitière aperçue sur un quai de gare au moment de l'arrêt du train au lever du jour... Deviendront l'image récurrente.
D'où vient cette idée -absurde- qu'il y aurait du "snobisme" à lire Proust ?
Ou qu'il y aurait "un trop grand décalage" dans la forme, dans le style d'écriture, entre cet auteur du début du siècle dernier et nos auteurs du début du siècle présent ? ( un décalage dans la forme et dans le style qui d'ailleurs est largement entretenu par les modes, par les médias, par de "soit-disantes nouvelles valeurs" )...
"L'on n'écrit plus comme cela"... C'est vrai... (mais est-ce que c'est "tragiquement vrai"?... ce n'est pas si sûr ni si désespérant à vrai dire et si l'on réfléchit tant soit peu...)
Ces longues phrases forment comme des tableaux impressionnistes aux très belles images...
Et je les trouve "très actuelles"... Ou, plus précisément encore... " intemporelles"...
... Ce qui est "nouveau"... ou nous semble nouveau, ne tire-t-il pas sa "nouveauté" en réalité, de ce qui demeure à jamais, intemporel ? Ou, comme l'on le croit, comme l'on se l'illusionne, de ce qui surgit et s'impose dans le temps immédiat, le temps présent, ce temps aussi fugace que l'éclair d'un orage ou que l'onde sur l'eau ?
« J’aperçois un de ces êtres qui nous dit par son visage particulier la possibilité d’un bonheur nouveau. La beauté, en étant particulière, multiplie les possibilités de bonheur. Chaque être est comme un idéal encore inconnu qui s’ouvre à nous. Et de voir passer un visage désirable que nous ne connaissions pas nous ouvre de nouvelles vies que nous désirons vivre. Ils disparaissent au coin de la rue, mais nous espérons les revoir, nous restons avec l’idée qu’il y a bien plus de vies que nous ne pensions à vivre, et cela donne plus de valeur à notre personne. Un nouveau visage qui a passé, c’est comme le charme d’un nouveau pays qui s’est révélé à nous par un livre. »
... Sublime, n'est-ce pas ?
Et j'ai poursuivi dans ma découverte de cet auteur, par "À la recherche du temps perdu"...
Une lecture "au long cours"... Comme sur un paquebot transatlantique du temps de Georges Simenon entre Le Havre et le canal de Panama...
Pas d'intrigues compliquées mais un "kaléidoscope" de petites scènes de vie quotidienne avec chacune son atmosphère... Et comme sur l'océan, à l'infini, de petites crêtes blanches qui se meuvent et se balancent en une cadence toute tranquille ; et tous ces sentiments, tous ces changements de point de vue exprimés...
Certes, tout cela se passe "dans le beau monde" mais les sentiments, les émotions, les pensées de "ces gens là", après tout... Sont-ils si différents que cela des sentiments, des émotions et des pensées, des gens que l'on dit être "du pauvre monde" ?
N'y-a-t-il pas en chacun de nous, autant de vanité, autant de fureur ou même de gesticulation, à essayer de "s'exister" à tout prix ? Autant de souffrance aussi, autant de solitude au fond de soi ? Autant de "non dit" et autant de ces rêves qui partent dans le "grand inconnu" ou "dans les étoiles" quand on est mort ?
Vers la fin de son existence, Marcel Proust fut contraint à l'immobilité, du fait de sa santé déficiente...
Est-il "si nécessaire que cela", à un grand écrivain, de bouger beaucoup, de sans cesse parcourir le monde... et tous les mondes possibles ?
La culture, l'observation, l'intuition, l'imagination, la réflexion... Ce sont bien là comme des "bouées" non pas de "naufragé qui veut se sauver à tout prix et rejoindre quelque rivage", mais "d'enfant trop vite grandi au milieu des baïnes qui veut partir à l'assaut des vagues pour y danser, y voler dessus"...
Dans " À la recherche du temps perdu", le narrateur est souvent ravi par "le visage de l'inconnue"...
Ainsi, Albertine en vélo au bord de la mer ; la laitière aperçue sur un quai de gare au moment de l'arrêt du train au lever du jour... Deviendront l'image récurrente.
D'où vient cette idée -absurde- qu'il y aurait du "snobisme" à lire Proust ?
Ou qu'il y aurait "un trop grand décalage" dans la forme, dans le style d'écriture, entre cet auteur du début du siècle dernier et nos auteurs du début du siècle présent ? ( un décalage dans la forme et dans le style qui d'ailleurs est largement entretenu par les modes, par les médias, par de "soit-disantes nouvelles valeurs" )...
"L'on n'écrit plus comme cela"... C'est vrai... (mais est-ce que c'est "tragiquement vrai"?... ce n'est pas si sûr ni si désespérant à vrai dire et si l'on réfléchit tant soit peu...)
Ces longues phrases forment comme des tableaux impressionnistes aux très belles images...
Et je les trouve "très actuelles"... Ou, plus précisément encore... " intemporelles"...
... Ce qui est "nouveau"... ou nous semble nouveau, ne tire-t-il pas sa "nouveauté" en réalité, de ce qui demeure à jamais, intemporel ? Ou, comme l'on le croit, comme l'on se l'illusionne, de ce qui surgit et s'impose dans le temps immédiat, le temps présent, ce temps aussi fugace que l'éclair d'un orage ou que l'onde sur l'eau ?
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" Nous ne pouvons savoir! Nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères" [Arthur Rimbaud ]
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