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La vieille dame du 26 avenue Alphand à Saint Mandé en 1974...

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La vieille dame du 26 avenue Alphand à Saint Mandé en 1974... Empty La vieille dame du 26 avenue Alphand à Saint Mandé en 1974...

Message par Yugcib Lun 7 Aoû - 7:39

... Au 26 avenue Alphand à Saint Mandé Val de Marne, à proximité de la Porte de Vincennes, dans les années 1973-1976, demeurait une vieille dame, Madame Maurice, qui devait être âgée alors, de 90 ans environ peut-être un peu plus...
Sans doute la maison dans laquelle demeurait Madame Maurice, avait-elle été bâtie dans la seconde moitié du 19ème siècle, une demeure bourgeoise à un étage, dans le style de ces demeures de banlieue aisée que des gens de la bonne société se faisaient construire, notamment au Second Empire...
Cette maison était entourée d'un petit parc de quelque six ou sept cents mètres carrés, une "oasis" d'herbes et de plantes sauvages et d'arbres et arbustes... Ce parc n'était plus vraiment entretenu, et ressemblait à une jungle tropicale. Un muret surmonté de grilles entourait ce parc et, donnant sur l'avenue Alphand, devant la maison dans laquelle on accédait à la porte d'entrée par un petit perron de 3 ou 4 marches, il y avait un muret plus bas surmonté d'une grande grille avec au milieu, le portail...
L'espace compris entre la façade de la maison et le petit muret et la grille donnant sur l'avenue, était relativement bien dégagé et l'on y voyait surtout des fleurs en massifs plus ou moins délimités, et quelques plantes sauvages...
La maison avait un étage auquel on accédait par un escalier en bois ouvragé, de marches solides, mais la vieille dame Madame Maurice vivait au rez-de-chaussée dans un salon-salle à manger et dans une chambre contiguë, du côté donnant sur l'arrière de la maison. Il y avait un couloir en long, séparant la partie arrière de la partie avant, qui, elle, avait une chambre donnant sur l'avenue, et, à côté, la cuisine. Une cuisine bourgeoise très 19ème siècle, assez vaste, dotée d'une longue et énorme cuisinière en fonte avec barres de cuivre autour, à plusieurs feux, réservoir pour l'eau chaude, et deux fours...
Cependant, cette énorme cuisinière n'était plus utilisée depuis pas mal d'années, et la vieille dame avait déposé dessus un réchaud à gaz...
C'est dans cette maison, et dans la chambre située face à l'avenue, que j'ai vécu de 1973 à 1976 (jusqu'au 30 juillet 1976 jour où j'ai quitté le centre de tri du PLM pour venir dans les Vosges)...
Madame Maurice, la vieille dame, me louait cette chambre pour 150 francs par mois. Une chambre assez vaste, haute de plafond, dotée d'un grand placard mural à étagères, d'un lit qui eût pu être à 2 places mais en fait on va dire "une place et demi", d'un lavabo coin toilette, et d'une table au milieu de la chambre... Il y avait dans un recoin délimité par un rideau, un espace dans lequel j'entreposais des cartons empilés...
Le sol était de plancher, un gros plancher tel qu'on les faisait au 19ème siècle dans ces maisons bourgeoises...
Dans l'espace situé devant la maison j'avais ma mobylette garée et de temps à autre je décalaminais le pot d'échappement et effectuais quelques petites réparations...
Vers fin octobre 1974, un soir je rentre dans ma chambre et je vois sur le lit, roulé en boule, un chaton tigré de 2 mois d'âge : Fripouille, que mon ami Michel et sa femme venaient de m'apporter. La vieille dame a reçu mon ami en mon absence et a mis le chaton sur mon lit.
Ce chaton, je l'avais retenu, il était né le mardi 20 août 1974, c'était le fils de Sissi, la chatte de mon ami, un mâle tigré.
La vieille dame s'est prise d'affection pour ce chaton, et quand j'étais au travail elle s'en occupait. Il dormait avec moi et il s'est étoffé très vite, devenant un magnifique matou, gambadant dans le petit parc autour de la maison. Le vétérinaire que j'avais consulté pour les vaccinations m'avait conseillé de le faire castrer à l'âge de 5 mois, mais j'ai refusé de faire subir à mon Fripouille, cette opération... Par la suite, bien que non castré, ce chat fut mon fidèle compagnon ainsi que celui de ma femme dans les premières années de notre mariage. Il suivait, sans laisse, trottinant à nos côtés, en promenade, comme un petit chien...
Bien sûr, il lui arrivait de disparaître durant des 3 ou 4 jours mais toujours il revenait et il était avec nous d'une gentillesse, ce chat, hors du commun... En revanche il "foutait de sacrées tannées aux autres matous du coin"! Il est décédé accidentellement le lundi 8 septembre 1980...
C'est aussi, dans cette chambre de la maison de la vieille dame à Saint Mandé, que, le soir à 20h du 20 mai 1974, assis devant la table sur laquelle était posé mon poste de radio, j'ai appris que Valéry Giscard d'Estaing venait d'être élu président de la République... Je "fulminais"... Regrettant que François Mitterrand n'ait pas passé, de justesse il faut dire, puisque Giscard avait été élu avec 50,8%...
Au matin du 25 juin 1975, après la "nuit historique" au PLM Avion, de mon "arrosage" à l'occasion de mon mariage et "enterrement de vie de garçon" ; je me trouvais dans la chambre, volets fermés et dans une demi obscurité, en compagnie d'une quinzaine de mes collègues de la brigade C Avion du PLM, et nous "visionnions" des films pornographiques très "hard", projetés en "super 8" sur le mur au dessus du lit, sept ou huit assis sur le lit, trois ou quatre sur la table et les autres sur un côté près de la fenêtre... Tout le plancher de la chambre d'un bout à l'autre était jonché de bouteilles soit vides soit encore avec un fond (de ricard, de whisky, de champagne principalement), ça puait la clope, la fumée et l'alccol là dedans, des rires tonitruants et prolongés et en salves fusaient, il devait bien être dans les 10h du matin... V'là-t-il pas que la vieille dame, Madame Maurice, entrouvre lentement la porte et risque le bout de son nez à l'intérieur : "Une lettre pour monsieur Guy..." Et elle tend une enveloppe que l'un de mes potes me fait passer...
Il faut dire que cette nuit du 24/25 juin 1975 fut vraiment "historique" : les chefs pourtant si peu "cool" à l'Avion, se rendant compte que le rendement cette fois là, ne pourrait jamais être dans les normes, avaient laissé faire !
D'un bout à l'autre de l'espace central de cette section de l'Avion, sur toute la longueur et en hauteur, était tendue une corde (de grosse ficelle) à laquelle j'avais attaché en des intervalles de 2 mètres, cinq ou six cercueils en carton entre lesquels j'avais aussi suspendu quelques unes de mes reproductions en grand format, des "shadocks" que j'avais dessinés sur des "étiquettes 26". Sur les cercueils on pouvait lire les prénoms de mes "tirages de langue sans succès", c'est à dire les prénoms des filles avec lesquelles j'avais "tenté ma chance sans qu'il ce soit passé vous voyez quoi" -plutôt faut-il dire plus par ma volonté, "échec et mat", que par la volonté des filles en question- (rire)...
Après la vacation qui avait dû se terminer un peu avant 5h du matin (à l'Avion en général, on terminait aussi, comme au Transit, de bonne heure, vers 5h au lieu de 6) nous voici en une bande d'une vingtaine de collègues m'accompagnant, en cortège, embarqués pour "aller voir les prostituées" au bois de Vincennes... Les copains s'étaient cotisés pour me "payer une pute" (de préférence la plus "potable" possible)... On arrive, le long d'une allée on les voit, les copains me poussent du coude... Mais même fin saoûl que j'étais, j'ai rien voulu chiquer et il a fallu sur mon injonction rebrousser chemin... "Vous savez, leur ai-je dit, moi je suis un poète, un sentimental, un romantique, il me faut du chic, de la classe, de l'atmosphère, du rêve, et des filles dans des conditions comme ça c'est pas ce à quoi j'aspire ! Quelle crise de fou rire ! Et nous voilà partis finir la nuit dans ma piaule à Saint Mandé, un copain avait apporté tout un matériel de projection de films super 8... d'un "genre très spécial" !...
Etaient présents parmi mes potes, lors de cette "nuit historique" : Adraste et Rostaing ( Rostaing,un autre type formidable) avec lesquels j'avais eu à un certain moment dans la nuit, des discussions comme on en a rarement dans la vie ; Kakou, Euséby, Charlie, Filali, N'Go (N'Go que l'on appelait "Tcho Tcho", un type d'origine asiatique, petit de taille mais très vif et aussi costaud et dur au travail qu'un type de grande taille)...
(Pour Adraste, Kakou, Charlie, Euséby, Filali, voir "quelques personnages dont je me souviens")...
La vieille dame Madame Maurice était une personne "de grande classe" mais très simple et toute emplie de ce bon sens naturel des choses que tant de gens n'ont pas... Elle recevait à jour fixe une fois par semaine un monsieur qui aurait pu être son fils, et qui était en fait le futur propriétaire de la maison (la maison était en viager)... Elle ne mangeait, le soir, qu'un yaourt et la moitié d'une tranche de jambon...
Quand je suis parti elle m'a beaucoup regretté, ainsi que Fripouille mon chat, pour lequel elle avait beaucoup d'attention. Elle a connu ma femme, venue pour mon déménagement (une simple valise et 2 ou 3 cartons plus le "panier de Minou")...
Par la suite, dans les premières années de mon mariage, j'envoyais à madame Maurice une carte de bonne année à chaque 1er janvier , une réponse me venait... Jusqu'au jour où ma carte de voeux fut sans réponse, la vieille dame ayant quitté ce monde, centenaire je crois bien...

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Message par Frénégonde Dim 27 Aoû - 18:50

C'est toujours un plaisir de lire tes souvenirs. Je sais que mes grands-parents ont habité dans cette ville à une époque où c'était encore très abordable. Je suis d'ailleurs toujours étonnée de me dire qu'ils ont pu habiter là alors que ce n'était que de très simples ouvriers.
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