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Le 25 juillet 1968...

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Le 25 juillet 1968... Empty Le 25 juillet 1968...

Message par Yugcib Mer 26 Juil - 10:26

... Ce jour là j'étais invité par ma cousine Janette et son mari Bernard, à venir passer deux journées chez eux, à Avoine, un village situé à 5 km de Chinon en Indre et Loire...
Janette et Bernard demeuraient alors dans une petite résidence pour agents de l'EDF, dans cette localité d'Avoine, proche de la centrale thermique EDF où travaillait Bernard en tant que chef d'équipe entretien. Janette quant à elle était professeur d'arts ménagers dans une école à Tours et devait chaque jour, aller retour effectuer le trajet en voiture entre Avoine et Tours, une cinquantaine de km...
Un bébé, Boris venait de naître quelques mois plus tôt, et une petite fille, Cécile était alors âgée de quatre ans. Ma cousine Janette née en 1938, avait 30 ans en 1968...
"Par ouie dire" (rumeur familiale je dois dire "fondée") Janette et Bernard savaient que j'étais "un peu apache sur les bords", à cette époque là où depuis un an je travaillais au centre de tri postal du PLM à Paris, dans les "Ambulants" puis en "brigade de nuit"...
Néanmoins j'étais attendu par Janette et Bernard – j'en eus la conviction et en reçus le choc heureux- avec enthousiasme et intérêt manifeste, étant donné l'accueil qu'ils me firent...
Ce 25 juillet après ma 2ème nuit de travail (je me trouvais alors au "Transit National" au tri des paquets pour toute la France, en "nuit C")... Passé sous la douche du PLM vers 5h du matin et après un copieux petit déjeuner pris dans le bistrot où nous nous retrouvions entre camarades, à la sortie du PLM ; je pris le métro jusqu'à la gare d'Austerlitz, puis un train Paris – Tours Saint Pierre des Corps... Arrivé en gare de Saint Pierre des Corps il me fallut prendre une navette à destination de la gare de Tours centre ville puis de là, un autorail pour Chinon.
Il devait être dans les 11h du matin lorsque je débarquai en gare de Chinon, sous un soleil d'été radieux dans un ciel bleu sans aucun nuage...
Il y avait bien plus de deux mois que je ne m'étais point rendu dans un salon de coiffure, une barbe noire et broussailleuse me mangeait la moitié du visage, j'étais fringué comme un apache, à vrai dire comme l'un de ces hippies qui à l'époque faisaient fureur dans les rues de Paris ; je portais un jean délavé, déchiré aux genoux et tout effiloché au bas des jambes, une vareuse informe et chiffonnée, de l'armée, avec plusieurs poches sur le devant, et en bandoulière une musette de poète anarchiste (je me "nippais" à l'époque, au Marché aux Puces de Saint Ouen Porte de Clignancourt)...
Sur le quai je jetais un coup d'œil à droite et à gauche, ne sachant pas quelle voiture était celle de Bernard... C'est alors que je vis arriver une grosse mercédez flambant neuf toute étincelante de ses chromes;  la mercédez s'arrête juste devant moi et je vois descendre Bernard...
Arrivé à Avoine au premier étage de la petite résidence,  Janette ouvre la porte d'entrée et quel ne fut pas mon émerveillement, ma surprise – à tel point que "je ne savais  pas où me mettre"- de la voir si élégante, si chic, si classe, dans une robe qui lui seyait à merveille, avec un visage absolument ravissant, une coiffure pour le moins "artistique" et si bien arrangée, des chaussures à talons...
Quel accueil ! L'"apache" que j'étais en était tout retourné, tout ébahi...
Le couvert était mis pour le repas de midi, une nappe blanche brodée, trois assiettes différentes les unes au dessus des autres, trois sortes de verres à pied, des couverts d'argent, des porte-couteaux, des serviettes posées et arrangées...
... Au soir de ce 25 juillet, sur le balcon je contemplai le coucher du soleil et ce fut l'une des fois de ma vie où la disparition de l'astre du jour m'interpella le plus et me suscita une grande réflexion...
... Quelques mois plus tard, le 17 janvier 1969 ma cousine Janette agée de 31 ans, disparut dans un accident de voiture. Ce matin là du 17 janvier 1969, elle partit comme d'ordinaire à son travail, à Tours, à 50 km de son domicile... Etait-elle fatiguée, se couchant assez tard tous les soirs, toujours-est-il qu'en pleine ligne droite sur une route rendue glissante par la pluie, elle se déporta sur la gauche et heurta un arbre. Le choc fut si violent que la voiture, la mercédez, s'enroula de tout l'avant autour de l'arbre.
Le jour de l'enterrement, le 19 janvier 1969 à Arengosse dans les Landes, ce fut la deuxième fois que je pleurais autant, de ma vie... La première fois ayant été le mardi 22 mai 1962 sur le quai du port de Marseille, au retour d'Algérie, j'avais 14 ans et de surcroît ce même jour, après 15 ans de vie commune, mes parents se séparaient...

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