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Au pays des guignols gris livre 3

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Au pays des guignols gris livre 3 Empty Au pays des guignols gris livre 3

Message par Yugcib Mer 9 Sep - 21:35

Pour une lecture du texte intégral : Après la traversée, livre 3

A la suite de ce livre 3, il y a Les contes du pays des guignols gris"  texte intégral : Les contes

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RESUME :

La rencontre de Tayguète et d'Eridan, lors de la célébration du tricentenaire de la révolution culturelle vers la fin de l'été 636 ER 4, puis la suite du voyage d'Eridan, Abel et Vilica, l'étrange destin d'Irkou, et pour finir, une séparation qui n'en est pas vraiment une... En conclusion, les contes du pays des guignols gris...

EXTRAIT dans "Après la traversée" :

La  rencontre


Le 17-9-636-ER-4 Décadi, vers huit heures du matin, Tayguète était prête à partir, ses talons fins claquaient délicatement sur le carrelage, dans l'entrée de la grande maison familiale.
Son jeune frère, Alcyon, l' apercevant, s' exclama :
-- Je ne t'ai jamais vu si belle, si chic, si détendue ! A mon avis, tu dois t' attendre à une rencontre à Enolabay !
La jeune fille était vêtue d'une jupe noire, d’ un chemisier blanc à fines rayures verticales, espacées, et, autour de son cou, elle portait une écharpe de soie légère, nouée comme une cravate, d'un rouge vif.
Son visage épanoui, aux lignes délicates, au teint naturel, entouré par ses beaux cheveux noirs, ignorait ostensiblement toute forme de maquillage. Tayguète détestait ces poudres, ces fards, et toutes ces crèmes qui finissaient bien, à la longue, par dessécher la peau, et, selon elle, n' ajoutaient rien de plus. Elle disait :
-- Le visage, c'est la fenêtre de l' âme, à quoi sert d' être beau si le meilleur et le plus vrai de soi-même ne s'expriment pas avec bonheur, si le coeur n' est point à la fête ? Le visage ne se fait pas avec tout ce dont on peut l'enduire pour qu'il paraisse plus attirant : il se fait essentiellement de l'intérieur, avec tout ce qui se passe dans l'esprit et dans le coeur...
Presque chaque jour, Tayguète entretenait avec soin ses cheveux noirs : elle les lavait, les peignait, les brossait, les assouplissait, utilisant un savon fin aux algues. Secrètement, elle était fière de ses cheveux noirs, toujours bien coupés, si doux au toucher, en partie séparés au dessus de son front par une raie sur la gauche, laissant apparaître son cou et sa nuque éclatants de blancheur.
Sans se hâter, par la rue de l' Est, puis, vers le quartier Nord de la petite ville, après avoir contourné l' obélisque de la place de la Révolution, elle se rendit à la gare, prit un billet aller-retour pour Enolabay, et attendit sur le quai.
Une soixantaine de kilomètres à peine séparait Atarakbay, la petite ville au bord de l' océan d' Enolabay,  située, elle aussi, sur la côte, le long d'une immense baie, bâtie en terrasses, escaladant le flanc des collines environnantes.
Avec le turbotrain qui reliait toutes les villes du littoral Neurélabien depuis Tankara, vingt minutes suffisaient à Tayguète pour rejoindre les gratte-ciel de verre et de métal, le labyrinthe urbain aux larges avenues se coupant à angle droit.
A Enolabay, le principal centre économique et financier de toute la planète, on ne chômait pas : c'était " la vie-très-vite ", régulièrement ponctuée de loisirs organisés, de manifestations culturelles, de stages d'entraînement intensif aux nouvelles technologies et à l'évolution des stratégies commerciales, de repas pris  en équipes ou en famille à la Cantine Populaire, de " Décadis-promenade " depuis la jetée du port principal jusqu' aux abris anti-nucléaires délabrés datant, disait-on, d'un million d' années avant ER-4.
Ce Décadi, le 17, justement, c'était le premier jour de la fête du Tricentenaire de la Révolution Culturelle. Au stade Magellan, devait se dérouler, à partir de neuf heures du matin toutes les manifestations de la Grand' Messe Populaire du Souvenir. De brillants discours y seraient prononcés, des dizaines d' orateurs enthousiasmés s'exprimeraient depuis les tribunes, les rythmes endiablés des musiques d' ambiance projetteraient les gens sur une scène du monde devenue comme par magie un paradis tombé du ciel.
Après les discours, les ovations, les hurlements de la foule, les embrassades furieuses, les ondulations d'un délire universel jailli de plusieurs centaines de milliers de gorges, ce serait, comme prévu, à la Cantine Populaire, sur le champ de foire de la Porte de Bérénice, le plus gigantesque banquet de toute l' histoire de la planète, puisque même au plus fort de la Révolution Culturelle, le neuvième mois de l'année 336, jamais autant de monde n' avait été réuni pour un festin populaire, à Enolabay ou ailleurs.
" Oui ", pensait Tayguète, " Maman avait raison, quinze guichets pour la distribution des tickets, ce ne serait pas de trop ! Quelle bousculade en perspective ! "
Dans le turbotrain qui venait de Tankara, Tayguète se fraya à grand' peine un passage au milieu du couloir central, où elle demeura debout, serrée entre un gros type ventripotent qui sentait le fromage avancé, et une dame âgée tout de noir vêtue arborant un fessier plantureux. Dans l'odeur aigre de la transpiration, au beau milieu de tous ces gens ballottés pêle-mêle, l'on redevenait un animal humain, parfaitement anonyme. Pas une seule personne n'avait les cheveux noirs, comme Tayguète, et, d'un bout à l' autre de la rame bondée du tubotrain, les boucles, les épis, les chignons, les frisettes se succédaient en une houle grise et mouvante. Pétrie et froissée, Tayguète ressemblait à une petite fleur égarée dans un grand champ de dos et de poitrines, avec son écharpe rouge nouée autour de son cou, son visage momentanément stabilisé en un tout petit univers réduit aux dimensions d'un mouchoir de poche. Des visages quasars, à seulement dix ou vingt têtes de la sienne, lui souriaient timidement de leurs yeux bleus, verts ou noirs, engageant ainsi une conversation interstellaire de train de province, en syllabes de silence... Echange d'ondes invisibles et de regards hiéroglyphes étrangement habités de rêves et de messages.
EXTRAIT dans les contes :

Dessine - moi...


-- Dessine-moi un cheval !
-- Non, tu serais un trop mauvais cavalier, et puis, où trouverais-tu la paille pour ce cheval, toi qui vit dans une grande " boîte à habiter ", là où ne poussent que des lampadaires et des abris de bus, dans un pays de béton, de métal et de verre ?
-- Alors, dessine-moi un âne !
-- Non, un âne ressemble encore trop à un cheval, et comment pourrais
tu lui donner à boire, en transportant de l'eau dans des bouteilles en plastique ?
-- Dessine-moi donc un renard !
-- Un renard ? Pour qu'il dévore mes belles poules toutes crues ?
-- Dessine-moi un ascenseur !
-- Et si tu appuyais sur le bouton du septième sous-sol, si l'ascenseur descendait toujours sans s'arrêter, comme dans le puits d'une mine jusqu'au plus profond des entrailles de la Terre ?
-- Dessine-moi un soleil, ça, c'est pas très difficile : tu fais un rond, et dans le rond, tu mets la lumière de tes yeux.
-- Je vais te dessiner... la confiance. Mais pour cela, il faut que tu prennes dans une main ton plus beau crayon, et que, avec l'autre main, tu prennes ma main et ne me lâches plus jamais.
-- Quoi ? La confiance ? Mais cela ne se dessine pas !
-- Si, cela peut se dessiner, c'est très facile : tu traces sur la feuille blanche, une main avec ses cinq doigts, une main qui tient une autre main, puis, tu fais deux yeux qui regardent bien droit devant, des yeux d'enfant qui n'ont pas peur...
Remarque, si la feuille de papier n'est pas blanche, c'est pas important, et si la main n'a pas cinq doigts, c'est une main aussi...
Ensuite, nous dessinons le rond ensemble, et, pour la lumière des yeux, on va faire avec celle de tes yeux à toi, que l'on va mélanger avec la lumière de mes yeux à moi. Aucune lumière, d'aucune paire d'yeux, d'aucun visage, toute seule, ne peut inventer le soleil, même si cette lumière entre dans ton ciel.
En fait, mon petit, si je n'ai pu te dessiner ni le cheval, ni l' âne, ni le renard, ni l'ascenseur, c'est peut-être parce que je n'ai pas su trouver les mots qui m'auraient servi de pinceaux ou de crayons pour te mettre en couleurs, toi et tout ce que tu voulais que je te dessine. Je n'ai vu que les bords découpés et déchirés de la feuille au delà desquels le crayon ou la plume ne pouvait que rayer la table... Et je suis allé jusqu'à croire que je pouvais dessiner la confiance !

Conte d' Habibah, la petite fée des Neiges Equatoriales, été 337, lors d’une veillée familiale dans son village près du Col des Nuages Bleus…
***
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