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Une chronique -parmi bien d'autres- de Jean Claude Guillebaud

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Une chronique -parmi bien d'autres- de Jean Claude Guillebaud Empty Une chronique -parmi bien d'autres- de Jean Claude Guillebaud

Message par Yugcib Jeu 28 Jan - 14:34

   Le journal Sud Ouest Dimanche publie chaque semaine une chronique de Jean Claude Guillebaud, écrivain et essayiste et éditeur.  En voici une de ces chroniques, parue le 4 septembre 2011 à la veille de la rentrée scolaire 2011/2012, et qui demeure toujours d'actualité... J'en cite seulement quelques extraits :

..."l'incongruité d'une société qui donnerait des 'leçons de morale' à ses bambins, en oubliant de s'en donner à elle-même...
... je me réfère aux récentes 'affaires', qui montrent à l'évidence une collusion malodorante entre le pouvoir et l'argent, le bien public et l'avidité privée, le mensonge habillé à la hâte en 'secret d'état'...
... En pointant les banques, je songe évidemment à cette folie spéculative qui s'est emparée des salles de marché .../... engrangeant des profits qui, en termes moraux, sont 'obscènes'...
... On n'avait, paraît-il, jamais vendu autant de Posche (nouveau modèle à 750 000 euros !) , de yachts ou de jets privés. Alors même que, selon les derniers pointages de l'Insee, plus de huit millions de personnes vivaient en France avec moins de 954 euros par mois.
Tout cela nous donne-t-il le sentiment de vivre dans une société 'morale'? Que pourra bien répondre un jeune "professeur des écoles" à un enfant qui, pendant la 'leçon de morale' réclamée par Luc Chatel, lui poserait ce genre de question ? ... "

...

... (Luc Chatel était ministre de l'éducation nationale sous Nicolas Sarkozy)

A cela j'ajoute encore, personnellement, ceci :

Il y a dans cette "moralité" des puissants et de leurs lieutenants et de leurs servants, une puanteur, une indécence et une obscénité qui n'avaient encore juqu'à nos jours jamais été égalées à un tel niveau... Et, aussi étrange, aussi surréaliste que cela puisse paraître, c'est que cette "moralité" s'est autoproclamée "morale"... Comme si "elle coulait de source" et devait de surcroît s'imposer d'elle-même par la "grâce" des Médias et des "faiseurs de mode" jusque dans les milieux sociaux et les environnements familiaux qui ne sont point cependant parmi les plus privilégiés... Car en effet l'exemple venant "d'en haut", du haut de la Tribune Officielle et de tous les podiums en tout genre ; pourquoi "vers le bas" en serait-il différemment, selon la capacité de son intestin à émettre des gaz puants, ou la capacité de chacun à se montrer avide, brutal, voleur, sans vergogne ?
En outre cette "moralité" qui s'autoproclame "morale" par la grâce des Médias et des "faiseurs de mode", et qui "en haut" (et hélas "un peu plus bas" aussi) n'a jamais pété aussi fort et aussi ostensiblement... Nous parle un langage, et pire nous écrit... plus vulgaire, plus banal, plus ordurier même, que tout ce que l'on peut entendre dans la rue, sur les gradins d'un stade ou d'une arène, ou dans une cour de récréation...
... Au moins, en "d'autres temps" ( bien révolus ou "comme s'ils n'avaient jamais existé") ... Chez les poudrés et les peruqués, l'on parlait "le beau langage"... Mais je n'affirme pas, loin s'en faut, que le "beau langage" pouvait rendre  la puanteur de l'immoralité,  la richesse insolente, la brutalité des agissements, plus "supportable"...

Des formes d'inculture qui ont pris la place de la culture...

    Dans un environnement d'économie et de finance et de banque et de bourse  où l'on parle à chaque bulletin d'information (télévision ou radio) de "centaines de millions ou milliards d'euros ou de dollars"... Je pense pour ma part que  l' on vit très bien sans savoir diviser ou multiplier des milliards par des dizaines ou des centaines ou des milliers... même en arrondissant de manière à ce que dividende et diviseur, ou multiplicande et multiplicateur se terminent par deux ou trois zéros !
... Une telle "lacune" si je puis dire, ne "déprécie" pas la "valeur réelle" d'une personne, et je dirais aussi que "savoir brillamment" diviser ou multiplier des milliards par des dizaines ou des centaines ou des milliers (sans machine à calculer) n'est en aucune manière, "une référence" !

...Et  j'irais jusqu'à oser dire (en levant les yeux et la tête et les épaules et bien droit dans mes bottes) : "je suis fier de quelques unes de ces formes d'inculture qui sont les miennes, et dont  beaucoup de gens sur cette planète pensent haut et fort ou tacitement, que ce sont des  cultures dominantes et qui doivent "par la force des choses et des modes et des habitudes" régir notre quotidien, formater nos émotions, et nous influencer dans tout ce que nous achetons en particulier les livres que l'on nomme "best-sellers", dans les choix que nous faisons concernant nos loisirs...

J'irais jusqu'à l'insolence, jusqu'au vandalisme, contre ces cultures dominantes et laminantes dans lesquelles je me sens tel  une limace s'étirant lentement  sur la  page mouillée d'un traité de physique nucléaire ou de mathématique quantique...  

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Une chronique -parmi bien d'autres- de Jean Claude Guillebaud Empty Des caractères uniformes, parce que forcés ou dépendants des modes...

Message par Yugcib Jeu 28 Jan - 14:56

Dans "les LETTRES PERSANES" de Montesquieu, voici un propos de Rica écrivant à Usbeck. ( Lettre LVIII, page 109 de l'édition Garnier-Flammarion1980) :

" Chez nous, les caractères sont tous uniformes, parce qu'ils sont forcés : on ne voit point les gens tels qu'ils sont, mais tel qu'on les oblige d'être. Dans cette servitude du cœur et de l'esprit, on n'entend parler que la crainte, qui n'a qu'un langage, et non pas la nature, qui s'exprime si différemment, et qui paraît sous tant de formes."

... Il y a dans ce propos même, quelque chose d'absolument actuel... qui était déjà caractéristique du "monde développé" (et occidental c'est à dire Européen et en particulier Français et Anglais ... et des cours princières et milieux très embourgeoisés de l'époque de Montesquieu au 18 ème siècle)... Et qui l'est -encore plus peut-être- de nos jours (alors que cependant règne "une grande liberté d'expression" du moins dans nos sociétés développées et occidentalisées)...
Il faut croire que la liberté d'expression dont les gens s'accordent aujourd'hui et que nos sociétés (avec ses nouvelles "modes de pensée" et ses "marginalités") encouragent et mettent en avant... Ne rend en aucune façon les gens "plus vrais", plus naturels, plus spontanés, plus sincères, plus "du coeur de leur réacteur", et beaucoup moins uniformes dans leurs "pourtant différentes" formes d'expression...
De toute manière, je pense que la liberté d'expression dont nos sociétés "évoluées" (et modernes) se targuent, est un leurre... et que dans la réalité, dès lors que tu "y vas un peu fort du coeur de ton réacteur" c'est là que ça se complique et qu'on "te rentre vite fait dans le lard", ou qu'on te prie de te taire...
Par bonheur, un certain nombre d'artistes, d'écrivains et d'intellectuels résistent... à leur manière... Et même dans les "cités", même chez les exclus, les déshérités, les jeunes et moins jeunes d'un cursus scolaire ou universitaire quasi inexistant...
Comme quoi il existe bel et bien à tous les niveaux de la société, depuis le "haut très haut" jusqu'au "bas le plus bas"... Une "culture du coeur et de la sensibilité", une "culture intérieure en soi"...
Et inversement, la médiocrité, l'uniformité, se retrouvent aussi au plus haut et au plus bas...
Or, cette médiocrité et cette uniformité dans les caractères et dans ce que les gens laissent apparaître lorsqu'ils s'expriment et agissent, lorsqu'elle est aussi évidente et généralisée et affichée au "plus haut" c'est à dire dans les "hautes sphères" même des milieux politiques et intellectuels ; et que des gens investis d'autorité, de pouvoir et de décision, que nous avons élus par les urnes, se comportent, parlent, agissent tout comme le plus vulgaire du "commun des mortels", d'une manière insolente et péremptoire, sans vergogne et comme "si cela coulait de source" de s'exprimer ainsi et d'agir ainsi... Alors cela devient assez désespérant et l'on en arrive à ne plus accorder aucun crédit à ces gens là, et à ne plus rien respecter non plus, soi-même...
Au 18 ème siècle sous les perruques et les fards, sous les beaux habits de confection si élaborée et si enjolivée de volants, de cols, faux cols, dorures et ceintures et galons et épaulettes... "ça souquait ferme" l'hypocrisie, le sexe, l'arrogance, la consensualité... le tout avec du beau langage...
De nos jours, le beau langage a tombé le caleçon, les costards sont tous les mêmes, nos dames se mettent plus souvent en magnifiques "ensembles pantalonnants" qu'en robes chic, et dans les cocktails dînatoires de direction d'entreprises (surtout financières et de banque) c'est à qui se presse, au risque de jouer du coude ou de l'épaule ou du derrière, autour de la table présidiale et du cartel des directeurs et managers...
... Et la nature, qui s'exprime si différemment et qui paraît sous tant de formes, et qui est celle du plus profond et du plus intime et du plus vrai des êtres ; semble proscrite ou d'un ton qui dérange... Autant en haut qu'en bas...

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