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Le moscovite, et Les Héritiers de l'Avenir ; d'Henri Troyat

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Le moscovite, et Les Héritiers de l'Avenir ; d'Henri Troyat Empty Le moscovite, et Les Héritiers de l'Avenir ; d'Henri Troyat

Message par Yugcib Mar 27 Oct - 8:28

Le moscovite, et Les Héritiers de l'Avenir ; d'Henri Troyat Le_mos10


Le moscovite, et Les Héritiers de l'Avenir ; d'Henri Troyat Hyriti10

Mille soixante dix huit pages, collection Omnibus... Lorsque l'on sort d'un tel livre, de ces deux récits ou romans historiques que sont Le Moscovite et Les Héritiers de l'avenir ; il est difficile, le même jour ou même le lendemain, de commencer à lire un autre livre, tant durant trois semaines environ l'on a pu être plongé dans chacune de ces deux histoires et suivre ainsi toute la vie de chacun des personnages évoqués, et toute une actualité historique et évènementielle sur un siècle de distance...

L'auteur

Henri Troyat est né à Moscou le 1er novembre 1911, et mort à Paris le 2 mars 2007. Il a été élu à l'Académie française le 21 mai 1959...
À l'époque de la révolution de 1917, son père et toute sa famille quittent Moscou, s'installent un moment dans le Caucase puis de là en Crimée, puis à Constantinople, à Venise et enfin à Paris où il arrive avec sa famille en 1920. Il fait toutes ses études en France au lycée Pasteur de Neuilly.
Naturalisé Français, et encore sous l'uniforme (service militaire à Metz), son premier livre Faux Jour, remporte le prix du roman populiste en 1935.
De 1935 à 2006, il écrivit -ce qui est considérable- plus de 120 ouvrages dont les plus célèbres sont :
Une biographie de Dostoïevski en 1940, Tant que la Terre durera suivi du Sac et la cendre et Etrangers sur la terre, dans les années 1947/1950, La neige en deuil en 1952... Ainsi que de nombreuses biographies de tsars, de personnages historiques et d'écrivains...



4 ème de couverture

Un jeune émigré français de haute naissance, dont la famille s'est réfugiée à Moscou pendant la Terreur ; un ancien serf et son maître pris dans le cataclysme provoqué par l'abolition du servage et se retrouvant à Paris... Henri Troyat retrace ici un siècle d'histoire russe, des guerres napoléoniennes à l'aube du XX ème siècle, et explore, à travers deux suites romanesques chatoyantes et les destins paradoxaux de ses héros, les rapports mystérieux d'affinités et de culture qui unissent par delà les siècles et les régimes deux pays en apparence aussi dissemblables que la Russie et la France.


Le Moscovite, extraits (retraite de Russie, en novembre 1812 entre Moscou et Smolensk)

-Page 182 :
L'équipage s'arrêta. Les chevaux n'en pouvaient plus. Armand cala les roues avec des pierres. Derrière lui, il y eut des protestations. Hors des voitures immobilisées par sa faute, jaillissaient des figures coléreuses, comme des vers sortant d'un fruit. On l'invectivait, on le menaçait... Si on avait pu le piétiner, le tuer, lui brûler son coupé!... Loin d'unir tous ces infortunés dans l'entraide, l'épreuve de l'exode renforçait leur égoïsme naturel. Personne ne s'intéressait plus à personne, chacun ne pensait qu'à sa propre peau, c'était une avalanche de vies individuelles, une bousculade de destins rivaux, une fuite éperdue et féroce d'histoires qui s'ignoraient l'une de l'autre.

-Page 192 :
Théophile tira un couteau de sa botte et l'approcha de l'encolure du cheval. Une incision rapide. Le sang jaillit. Un long tremblement parcourut le corps de l'animal. Ses côtes se soulevèrent en arceaux, ses jambes se détendirent, ses lèvres retroussées découvrirent une rangée de dents jaunes, obliques, soudées en bloc, son oeil voilé se fixa sur Armand. Pauline détourna la tête. Vingt personnes mystérieusement averties, étaient déjà sur les lieux. Quand la bête eut son dernier soubresaut, ce fut la curée. Le couteau à la main, les affamés se poussaient pour porter leur coup. Taillant, piquant, sciant, arrachant, chacun voulait sa part. Des femmes plongeaient leurs mains dans les entrailles fumantes, tiraient sur la masse et s'enfuyaient, un paquet de chair saignante plaqué contre le ventre.

-Page 187 :
Quelques traîneurs arrivaient, tout essoufflés, en hurlant : "les cosaques!les cosaques!". Barderoux et les autres officiers du cercle bondirent sur leurs pieds, "du calme! Rugissaient-ils. "Garde à vous!...Aux armes!... Personne ne les entendait. Bientôt ce fut la panique. Fuyant les feux de campement, renversant les gamelles, des ombres humaines se ruaient en tous sens à la recherche de fusils, des malles, des chevaux, des voitures. Pris dans ce tournoiement de visages, Armand et Pauline essayaient en vain de se frayer un chemin vers leur coupé. Des soldats ivres de peur les bousculaient, un attelage emballé s'échappait devant eux, des harnais s'emmêlaient, des roues s'entrechoquaient, une femme tombée à terre, continuait son chemin à quatre pattes, des naufragés s'interpellaient de loin, séparés par les remous de la multitude.

Nous sommes là dans un récit d'un réalisme hallucinant, de cette retraite de la Grande Armée, en novembre et décembre 1812, de Moscou à Smolensk puis à Vilna, et dans la traversée du champ de bataille de Borodino (la bataille de la Moscova qui eut lieu deux mois plus tôt fin août début septembre) et où des milliers de cadavres de soldats autant Français que Russes, et de chevaux, pourrissaient encore à perte de vue en plein champ gelé dans la neige durcie)...
Lors de cette retraite de la Grande Armée, il y avait aussi tous les civils, pour la plupart des Français émigrés qui vivaient à Moscou, et qui avaient décidé de suivre l'armée... Ce qui faisait sur plusieurs dizaines de verstes une colonne sans fin, étirée et avançant à pied et dans des voitures chargées de tout ce qui avait pu être déménagé, récupéré... Après le passage de la Bérézina, il ne restait plus grand chose de tout cela...
Nous suivons, tout au long du récit, et vécu par les différents personnages, toutes les péripéties de la "bataille des nations" durant l'année 1813, puis le passage des armées Russes, Prussiennes et Autrichiennes en France en 1814, et pour finir la période des "cent jours" de Napoléon en 1815 jusqu'à la défaite de Waterloo.


Les héritiers de l'avenir, extraits ( en Russie, puis à Paris, de 1850 à 1914) :

Pour vraiment comprendre la révolution de 1917 en Russie, il faut remonter à l'époque du Tsar Alexandre II entre 1855 et 1881, où de grandes réformes économiques et de société furent entreprises sous ce Tsar Alexandre II. Une partie de l'aristocratie et de la bourgeoisie notamment et principalement dans les villes se fit peu à peu l'alliée du Tsar, ce qui entraîna en 1861 l'abolition du servage. En fait ce fut une période de grands bouleversements économiques et surtout sociaux qui s'ouvrit à partir de 1861 en Russie. Il y avait à cette époque là 65 millions d'habitants en Russie dont 22 millions de serfs... De nombreux mouvements de contestation, des organisations d'anarchistes et de terroristes, ayant dans leurs rangs quelques aristocrates et intellectuels gagnés à la contestation, quadrillent l'ensemble du territoire jusque dans les campagnes les plus reculées et tentent de convaincre les masses de paysans (Moujiks)... Mais tous ces groupes, ainsi que les opposants farouches aux réformes d'Alexandre II (des aristocrates et des propriétaires fonciers conservateurs) , sont sans cesse en lutte les uns contre les autres ; et la police, pourtant toujours plus efficace, plus nombreuse et mieux organisée, ne parvient pas à faire régner l'ordre, les attentats se succèdent, des têtes importantes tombent sous les coups des terroristes...

Klim, un serf né en 1836, est l'un des très rares personnages de sa condition, à être capable de lire et d'écrire (il a appris avec le fils du "barine" auprès duquel il a grandi)... Et voici ce qu'il écrit dans son cahier :

-Page 511 :
" Tu oublies, Vissarion, que les esclaves américains sont de misérables nègres, importés d'Afrique, arrachés à leur famille et qui n'ont rien de commun avec les Blancs qui les emploient. Au contraire, nos serfs sont de la mâme race, de la même religion que nous ; ils vivent dans leur pays natal ; ils sont attachés à la terre de leurs ancêtres ; on ne peut même pas les vendre sans cette terre..."

-Page 770 :
"Nous avons quitté Brest-Litovsk, parce que la police était, paraît-il, sur le point de découvrir notre cachette. Maintenant nous nous trouvons à Bobrouisk, chez un forgeron socialiste. La femme du forgeron n'est pas très aimable avec nous. Elle dit que nous sommes des gens de complication et de malheur, que là où nous passons, l'herbe ne repousse plus. Pourvu qu'elle ne nous dénonce pas! Le forgeron jure qu'elle n'oserait jamais!... Seulement, moi, je vois bien qu'il tremble!"

-Page 825 :
"La révolution française n'a pas réussi. [il parle de la Commune de Paris en mai 1871]. Le bartchouk dit que les barricades de Paris ont tout de même prouvé au monde qu'un peuple en révolte contre l'oppression est capable de lutter jusqu'à la mort. Des amis sont venus à la maison. Ils ont bu du punch et chanté la marseillaise. Le bartchouk avait les larmes aux yeux."


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